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PORTRAIT D'AVOCAT
  Cyril CHABERT
Avocat associé au bureau de Paris Pourquoi avoir poursuivi vos études jusqu’au doctorat ?
Paradoxalement, parce qu’au sortir du lycée, je n’avais pas de vocation affirmée d’avocat.
Je m’explique. Je ne comptais pas de juriste dans ma famille et en sortant du bac j’étais parti dans un parcours commercial. Puis, à la fin de ce parcours, j’avais à l’idée de rejoindre le CELSA, mais sans anticipation, si bien que j’avais omis de postuler à la session d’intégration de février. Plutôt que de perdre une année, je me suis inscrit en droit, le double cursus « commerce-droit » étant assez courant. J’ai donc commencé mon Droit à la Faculté d’Aix-en- Provence et cela a vraiment été une révélation. Je m’y suis immédiatement plu. Arrivé en licence, il n’était plus du tout question de CELSA, mon horizon était marqué par le droit des affaires et spécialement la matière de droit international privé. Passé la maitrise, je rentre en DEA (aujourd’hui on dirait Master II Recherche) de droit économique et j’en sors avec la proposition de faire une thèse d’Etat, dans la matière que je souhaite, sur un sujet validé par le Ministère.
Ce sera donc une thèse en droit international privé (matière qui gère les différentes questions qui s’imposent au débat pour tous les litiges non exclusivement franco-français).
Le doctorat est une phase d’étude exigeante. Je le recommanderai sans hésitation à tout étudiant (pour le recul qu’il offre sur la science juridique, la maitrise qu’il apporte sur les différentes techniques d’argumentation), mais en soulignant que c’est aussi un exercice éprouvant car on vit pendant près de 5 ans avec son sujet. On va en douter. On va en rêver. On va s’en enthousiasmer et certains jours en maudire la complexité. Ce sujet va rythmer les jours et écourter de nombreuses nuits. Cet exercice demande de s’imprégner totalement du sujet, pour le maitriser ... et, par voie de conséquence, il isole aussi, surtout quand d’anciens camarades d’école de commerce viennent vous voir... C’est un exercice solitaire, de réflexion et d’écriture, mais c’est un exercice terriblement formateur. Parallèlement à cette phase de préparation, j’étais intégré dans un centre de recherche de la faculté où, outre l’enseignement, une de mes activités consistait à répondre à des demandes de consultation d’avocats sur mes domaines de prédilection. C’estcetteactivitélàquiaétélevéritablefacteurdéclencheur de mon orientation vers le métier d’avocat.
Comme pour un travail de thèse, il m’était demandé de
mettre en pratique un sens de la recherche, une appréhension du sujet, la construction d’une argumentation dans un but offensif ou défensif. Mais à la différence d’un travail de thèse, les problématiques se renouvelaient, les questions variaient, les contextes étaient toujours singuliers et en prise avec la réalité du quotidien.
Pourquoi vous êtes-vous tourné vers une activité dans le e-commerce ?
C’est un hasard et je l’ai toujours signalé à mes étudiants ( j’ai enseigné pendant 15 ans). Une des clefs d’une carrière épanouissante consiste naturellement à prendre plaisir dans son métier, à savoir ce que l’on veut, mais tout en se montrant suffisamment ouvert, sans idée préconçue, avec un grand sens de l’adaptation. Dans tout cheminement, on arrive parfois à des points d’intersection, des voies qui s’ouvrent et que l’on doit se sentir libre d’emprunter et de saisir sans excessive rigidité.
Comme je vous l’ai indiqué, la matière de ma thèse était le droit international privé et j’ai commencé à travailler en droit maritime (avec des bateaux venant de divers endroits,
  






















































































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