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Etienne Delattre Nantes
Ce qui nous amène à l’émission « Envoyé spécial » du 4 novembre 2021, diffusé sur France 2, chaîne du service public, financée donc par la contribution à l’audiovisuel public.
Synopsis :
« Pour beaucoup d’entre nous, lâcher son boulot est un fantasme qui ne sera jamais assouvi. Toutefois, certains sautent le pas et arrêtent de travailler pour de bon, bien avant l’âge légal de départ en retraite. Johanna et Julien, 35 ans, ont quitté leur boulot de manager dans la restauration rapide et d’employée dans le médico-social sur un coup de tête, pour s’installer à la campagne dans le Maine-et-Loire et vivre de leur potager. »
Florilèges :
France 2 : « C’est quoi votre quotidien aujourd’hui ? »
Julien : « jardinage, bricolage, et les enfants ; on s’occupe des enfants. » (ndlr : Précision : les enfants (2) sont scolarisés)
« Notre nouveau travail c’est de s’occuper de nous. »
France 2 : « De quoi vous allez vivre maintenant que vous avez arrêté de travailler ? »
« Aujourd’hui on a 0 en salaire. On est inscrit à Pôle emploi. »
Johanna et Julien expliquent ainsi tout sourire qu’ils perçoivent les allocations chômage sans réaliser la moindre recherche d’emploi, et pour cause, le cœur de leur projet étant justement de ne pas travailler.
Julien ne ressent pas du tout de « culpabilité », car il a « cotisé pendant 16 ans » et qu’il a un « vrai projet de vie » derrière.
Il n’est pas utile d’insister sur la colère de l’auteur de ce texte en visionnant cette émission.
L’histoire ne dit pas si Pôle emploi a eu écho de cette émission et si, dans l’affirmative, l’obligation de « recherche effective et permanente d’emploi » a été rappelée à Johanna et Julien.
Surtout, ce que France 2 ne croit pas utile de préciser, et que Johanna et Julien font semblant d’ignorer, est que les allocations qu’ils perçoivent chaque mois (d’un montant de 2.500 € nets ; ils insistent sur la perte de revenu par rapport à leur situation antérieure...) sont financées grâce aux cotisations de celles et ceux qui ont un emploi salarié.
(Contrairement à ce qu’énonce Julien, il s’agit du principe de l’assurance : le montant du dédommagement n’est pas égal à celui des cotisations versées.)
Là est le véritable scandale, et la nécessité de rappeler le lien entre la liberté et la responsabilité : Johanna et Julien sont libres d’expérimenter un nouveau mode de vie et de cesser d’avoir un emploi salarié, à charge en revanche pour eux d’en assumer la responsabilité.
Rien ne saurait justifier que leur choix individuel de ne plus travailler soit financé par la collectivité des salarié(e)s.
La 26e Conférence des Parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26), organisée à Glasgow du 1er au 12 novembre 2021, aurait également pu servir de support à une réflexion sur les rapports entre la liberté et la responsabilité.
Une autre fois peut-être, il est pour l’heure temps de découvrir l’actualité vue par les équipes NMCG.
Droit social 13